Parlez-nous de vous et de ce que vous faisiez avant de lancer cette aventure So French ?
J’en suis à ma troisième vie ! De formation, je suis architecte d’intérieur, loin de ma vie actuelle si ce n’est que certains disent que ça se voit chez SoFrench, car c’est moi qui ai pensé la décoration du magasin.
Ma deuxième vie a été plus longue ! J’ai démarré à Lyon dans une boutique de chaussures et puis j’ai beaucoup évolué dans cette entreprise familiale dans laquelle il y avait un fort côté humain. Au fil des années, je suis devenu responsable du réseau retail, de la communication et du digital pour cette grande marque de chaussures. C’était une vie intense et faite de beaucoup de déplacements, avec 70 boutiques à gérer dans le monde. Je courrais partout et je vivais plus de la moitié du temps à l’hôtel. Après Lyon, je me suis installé à Paris et puis je m’échappais à Londres ! Il n’y a rien d’aussi dépaysant et d’aussi proche de Paris.
Pendant 2 ans je travaillais à Paris la semaine et j’habitais à Londres le weekend.
Après cette période, j’ai eu envie de me poser et d’avoir une vie plus sédentaire.
Je me suis alors dis que si je ne tentais pas de monter mon business à Londres, j’allais le regretter, même avec le Brexit et même avec le covid ! La terre n’allait pas s’arrêter de tourner !
Quelle est l’originalité de votre commerce ?
Le premier constat que j’ai fait en venant m’oxygéner à Londres le weekend était qu’il manquait d’ épiceries fines. Il y avait certes des épiceries grecques, italiennes, ou plus classiques, de charcuterie à la coupe, de fromage à la coupe, très authentiques, « terroir », mais moins « boutique ».
Je voulais garder ce lien avec ce que je pense savoir-faire, c’est à dire gérer une boutique.
J’ai commencé à faire des salons, rencontrer des producteurs. La plupart n’avaient jamais franchi les portes de la France, le concept SoFrench se devait de leur offrir une présence à l’étranger.
Comment se lance-t-on dans l’ouverture d’un café / épicerie à Londres en 2021 ? Comment avez-vous préparé ce projet ?
Les premières rencontres avec les producteurs se sont faites en 2018, en prévoyant une ouverture en 2019 mais le contexte a retardé l’ouverture à début 2021.
A-t-il été facile d’entreprendre en Angleterre ?
Je me suis vite rendu compte qu’il était certainement plus facile d’ouvrir son propre business ici à Londres plutôt qu’en France, probablement car il y a moins de process.
Pour autant, dans la recherche du local et l’établissement du business, Antoine a joué un rôle primordial. Il était important de me faire accompagner pour identifier les pièges à éviter.
Avez-vous rencontré des difficultés ? Lesquelles ?
Dans l’absolu, j’ai trouvé ça assez simple finalement, j’ai participé à ce que je pouvais faire et Antoine a pris le relais sur tout le reste.
Je me suis senti tout de suite épaulé par Antoine, soutenu quand j’ai eu des coups down, en me disant parfois simplement : «ne t’inquiète pas, c’est juste une barrière à franchir, je m’en occupe ». Pour la première interview avec les landlords, par exemple, qui devait se passer en zoom, j’étais anxieux car ce n’était vraiment pas ma force, Antoine a été très rassurant et a finalement tout géré pour moi.
Il faut passer presque devant un jury ! Entre le landlord, l’Estate, la personne qui gère la rue, le Westminster Council etc. C’est une chance énorme d’avoir eu French Touch à mes côtés.
Quelles sont selon vous, les clefs du succès ?
Je ne peux pas encore dire succès parce qu’on verra ! Mais pour l’instant je suis content !
Le fait d’avoir était obstiné, car j’avais en tête le concept SoFrench depuis des années, a finalement été ma force.
J’écoute tout le monde mais je fais ce que je veux ! J’ai beaucoup entendu « ah tu ne devrais pas choisir ce bleu la pour la façade», par exemple. Pour moi, ce bleu, très français, c’était la meilleure carte de visite ! C’était un risque à prendre car ça aurait très bien pu être refusé par l’Estate d’ailleurs.
Quelle est aujourd’hui votre stratégie de développement ?
Je pars du principe qu’il vaut mieux faire quelque chose très bien, et à 200% !
Pourquoi vouloir grossir tout de suite, c’est plus de stress pour pas forcément plus de plaisir !
Ici c’est un endroit où l’on se retrouve, comme à la maison, tout le monde s’appelle par son prénom. Chez SoFrench, on sait exactement ce que nos habitués prennent le matin ! Ce qui correspond aussi à l’exclusivité que l’on retrouve dans nos produits. Si ça devient une chaine, ça ne marche plus avec le concept.
Dans quelle mesure le COVID vous a-t-il forcé à faire évoluer votre business model
Je répondrais en marquant 2 temps, avant ouverture et après ouverture.
Pendant la recherche du local, tout s’est ralenti avec le covid, sauf que pour moi ça n’a rien changé ! Ma volonté était au contraire d’ouvrir le plus vite possible. D’autant qu’en tant qu’épicerie nous avions le droit d’être ouvert !
La réalité était que ce n’était pas possible ! Pendant cette période, il était impossible de visiter un local, pour les solicitors aussi, tout était ralenti. C’était frustrant, car de mon côté tout était prêt mais je n’avais pas le local, ce qui a finalement décalé l’ouverture.
A l’ouverture, la partie épicerie a pris le dessus sur la partie café, on pouvait venir faire ses courses comme on avait le droit de faire ses courses au supermarché. Ça a boosté l’ouverture car tous les gens du quartier voulaient venir découvrir la nouvelle épicerie du coin !
Les Français confinés à Londres ont adoré retrouver des produits qui leur manquaient comme la blanquette de veau, le miel français et plein d’autres choses.
L’épicerie a tellement bien marché qu’on a été finalement très vite à court de certaines références !
Quelle est l’importance des locaux dans votre business ? (location, loyers etc… )
Au début, je n’étais pas attaché à un quartier en particulier. L’un des premiers critères, et aussi surprenant que ça soit, est que je ne voulais pas de High Street ! J’ai toujours eu en tête d’avoir une relation privilégiée avec mes clients. Le coté Café indépendant devait être dans une jolie rue, un peu à l’écart du passage, dans un beau quartier vivant.
Au début des recherches, je ne connaissais pas Londres, on avait trouvé un premier local à 2 pas de là ou je suis, et j’ai tout de suite trouvé Marylebone extrêmement central et bien connecté. Même en plein Covid, la localisation m’a semblée idyllique.
De plus, comme nous sommes en « conservation area », le fait que le Council veille à conserver ce côté village m’a beaucoup plus.
Avez-vous trouvé de l’aide au sein de la communauté française ?
C’est en ouvrant que nous avons découvert qu’il y a une communauté française installée.
On a eu le soutien tout de suite des résidents locaux, des gens du quartier. Ce qui vient du fait du contexte de l’ouverture. Car on ne pouvait pas prendre de métro pour venir nous voir.
Maintenant on sait qu’il y a une énorme communauté française mais aussi russe et japonaise.
Les médias français sont également tout de suite venus nous soutenir et parler de nous.
Basé sur votre expérience, quels conseils donneriez-vous à d’autres entrepreneurs qui souhaiteraient s’implanter à Londres ?
C’est difficile de donner des conseils !
Pour ma part, je dirais que mon projet a toujours été très clair dans ma tête et je suis très obstiné, ce qui m’a permis de faire avancer le projet mais sincèrement, pour le concrétiser j’avais besoin de quelqu’un avec une expertise pour me guider et gérer les priorités.
Comment FTP Commercial vous a accompagné ? Quelle est pour vous notre valeur ajoutée ?
Pour ma part, avoir eu une personne extérieure pour m’accompagner dans mon projet a été primordial dans sa réalisation.
J’ai retrouvé chez French Touch Commercial en général et chez Antoine, ce que je reconnais au sein d’une entreprise familiale, et qui compte beaucoup pour moi, ce côté humain.
FTC est évidemment une aide précieuse que je recommande sans hésiter !